STRATEGIES DE TRANSFORMATION - L’ENTRAINEMENT
Mise en garde :
La prise en charge des individus, dans une perspective de santé bien être ou de compétition sportive, s’inscrit (et ce n’est souvent qu’un vœu pieu) à travers une gestion des corps (mais pas seulement… !) réfléchie et organisée.
La mise en chantier d’une stratégie de transformation, qu’elle soit optimisante, préventive ou simplement conservatrice, ne peut faire l’impasse d’une approche empathique et sécuritaire du sujet à transformer ou préserver.
Pour bien clarifier les choses, il importe de prendre conscience des enjeux de ce que l’on entend par entraînement ou conditionnement physique. Les termes bien que parfois différents et différenciables obligent à une précision professionnelle et factuelle.
La modélisation sportive invite souvent à l’optimisation des performance dans une quête de record. Plus classiquement elle oriente à la reproduction modélisée des formes et exercices propres aux disciplines sportives les plus courantes.
Ce schéma de reproduction mimétique, de « copier coller » des formes et procédures se traduit le plus souvent par un appauvrissement des propositions fonctionnelles quand ce n’est pas une l’inadaptation parfois dangeureuse de celles–ci. En effet, comme nous le verrons plus loin, parmi les confusions courantes et usités, figurent les tendances à la « sportivisation » des pratiques physiques de loisir ou de santé, dans leurs contenus et dans leurs objectifs. Cette tendance, réelle et historiquement déterminée est la résultante naturelle de l’emprise institutionnelle, sociale et médiatique du mouvement sportif et du cadre qu’il impose au domaine des activités physiques dont il n’est qu’un élément parmi d’autres.
Conscient que le temps est venu de préciser notre propos et celui de notre engagement, nous proposerons une lecture cohérente et originale des pratiques de santé. Cette lecture particulière impose un approche spécifique et l’émergence d’une méthodologie de l’entraînement à la santé. En marge des repères existants les plus courants elle pourra à loisir se nourrir de l’ensemble des pratriques corporelles au gré des objectifs qui sont les siens.
Educateurs – chercheurs -formateurs seront bien évidemment attentifs
- à la pertinence des procédures de transformation
- à l’adaptation de celles-ci aux pratiquants – élèves - clients
- au respect des objectifs fondamentaux et intermédiaires du conditionnement à la santé
- à la sécurité et l’efficacité des propositions d’entraînement.
A ce titre, il importera de définir correctement et si possible de façon exhaustive (?) les facteurs déterminants de cette action de transformation.
L'entraînement physique du sujet sain sportif s'inscrit le plus souvent dans la perspective d'une meilleure performance dans la discipline pratiquée. Toutefois, le pratiquant lambda, le sujet « moyen » pratique le plus souvent une activité physique pour le simple bien être qu'il apporte, pour conserver une bonne image de soi (rester jeune ou dynamique) pour rester en "forme" et parfois aussi pour développer cette pratique dans un cadre convivial entre amis. Cette activité régulière, répondant aux attentes de chacun, doit contribuer efficacement au besoin de santé ou parfois plus prosaïquement à la perception de celle ci. Ainsi conçue, l’activité physique participera activement à la réduction des risques d’altération physique et à la conservation d’une condition physique de santé satisfaisante.
Questionnement initial :
Pour beaucoup, entraînement rime avec habitude et routine. Games répétitives, et parfois stéréotypées, habitent souvent les réflexions des pratiquants ayant abandonné une pratique régulière. Ce passage obligé de la forme ou de la performance, du bien être ou de l’expertise et parfois connoté négativement par la souffrance voir le « calvaire » qui l’accompagne et qui vient parfois à bout des motivations les plus solides. Enfin, la déception devant les piètres résultats obtenus ou tout simplement le peu de sensations reconnues, sont les causes évidentes et les plus courantes de l’abandon.
S’il apparaît évident que l’humain s’investit d’autant plus que les projets qui lui sont proposés sont facilement réalisables… et à court terme bien sur ! La gageure du conditionnement physique et de la transformation du potentiel physique est un challenge quasiment inaccessible pour qui n’est pas armé solidement à cet effet. Pour qui n’a pas évalué la complexité des facteurs intervenant dans cette action « redemptrice » de transformation.
Nombre de spécialistes techniciens s’y sont cassé les dents, nombre de marchands de soupe ont du fermer boutique, et nous ne comptons pas les « communicants » de tout acabit qui ont fait fausse route en simplifiant à la caricature leurs propositions. Les solutions (elles sont plurielles) sont de fait plus riches que cela car elle contiennent toutes un peu de tout ça !
« La simplicité est le début de la barbarie » disait Pascal. La simplification à outrance des produits peut, sans doute, être un passage marketing possible. Il est souvent caricatural et payant qu’à court terme. Il est certain que les « gens », le public, tous ces clients potentiels sont pour la plupart mal ou sous informés des contraintes et nécessités d’une prise en charge physique. Ils en ont d’ailleurs tous leurs représentations préalables ! Les média eux même pour des raisons de compétence et de stratégie marketing faussent eux aussi les images et projets significatifs à ce sujet.
Si il est effectivement humainement impossible de refuser aux pratiquant une exigence de résultats rapide et significative. Cette réalité du terrain doit être un aiguillon permanent pour qui souhaite être reconnu pour sa compétence et faire de cette entreprise un projet économiquement et humainement viable. L’oublier serait une erreur de jugement, une faute professionnelle grave. Les conséquences sont évidentes et plaident pour une stratégie complexe, méthodique et responsable.
Somme toute, suffit – il de se poser les bonnes questions !
- Que recherchent tout simplement les pratiquants d’exercices physiques et quel est leur engagement ?
- Que cherche–t-on à faire en « faisant faire de l’exercice » ?
- Que nous disent les experts, scientifiques spécialistes de la santé ou de la physiologie de l’exercice, ou les professionnels du conditionnement ?
- Quels sont les formes, intensités et fréquences nécessaires et suffisantes à un entraînement dont nous recherchons les limites sécuritaires et efficaces….
- Comment rejoindre à travers un acte lié à l’effort et à l’inconfort, le plaisir de l’action physique et de sa durabilité…?